Xavi, la star du Barça au Buteur
«Messi m’a dit avoir été impressionné par l’Algérie»
Par : LE BUTEUR mardi 03 juillet 2007
Au Barça, Xavi Hernández est une référence. A 27 ans c’est l’un des piliers de l’équipe de Rijkaard. Désigné troisième capitaine, c’est le joueur barcelonais qui a disputé le plus grand nombre de matchs de Liga malgré son jeune âge. Né à Terrassa, une localité distante de 30 km de Barcelone, formé à La Masia –la prestigieuse école de football du Barça-, Xavi se prépare à affronter sa 10e saison chez les Blaugrana. Titulaire indiscutable en sélection, Xavi garde un excellent souvenir du continent africain où il avait conquis la Coupe du monde des moins de 20 ans au Nigeria il y a huit ans. C’est un peu grâce à ce souvenir et au concours de notre confrère de Sport, spécialiste du FC Barcelone, Ignasi Sagnier que le Buteur perpétue la tradition en proposant cet interview exclusif avec l’une des stars du football européen.
Que savez-vous du football algérien ?
Cela va peut-être vous surprendre, mais je connais beaucoup de choses sur l’histoire du football algérien qui a connu ses heures de gloire dans les années 80 ici en Espagne. Je sais par exemple qu’au cours du mondial 82, les Algériens n’ont pas été du tout mauvais. Ils ont eu la malchance de tomber dans un groupe composé de l’Allemagne et de l’Autriche, tout le monde connait l’histoire du match arrangé entre ces deux sélections qui a coûté à l’Algérie la qualification au second tour.
ça c’est pour l’histoire. Avez-vous des connaissances sur le football algérien actuel ?
Avant le match amical face à l’Argentine, non. Mais depuis cette rencontre, j’ai appris que l’Algérie avait une équipe très compétitive. C’est Messi en personne qui me l’a dit. Il m’a expliqué que les Argentins avaient eu la peur de leur vie en frôlant la défaite face à un adversaire très habile balle au pied et qui leur a menés la vie dure. Messi s’attendait à une promenade de santé, mais à la fin il a dû lui et ses coéquipiers de la sélection argentine suer sang et eau pour revenir au score et gagner avec un but d’écart.
Vous a-t-il parlé d’un joueur en particulier ?
Il m’a parlé du joueur qui leur a marqué deux buts (Ndlr. Belhadj) et de l’arrière central qui a égalisé (Ndlr. Yahia).
Le jour du match Argentine - Algérie, vous étiez suspendu et étiez resté à Barcelone. Avez-vous suivi la rencontre ?
Malheureusement non parce que tout simplement elle n’a pas été retransmise en direct. J’ai par contre vu les buts et quelques séquences. Ce fut un match spectaculaire.
Pensez-vous qu’un jour le football algérien pourra rivaliser avec le football européen ?
Je suis incapable de répondre à cette question, mais on a toujours dit que l’avenir du football est en Afrique. Je vous rappelle que le meilleur joueur du monde ces dernières années est d’origine algérienne. Pour moi, le football n’enfantera plus un joueur comme Zidane. On m’a dit que la sélection algérienne est composée essentiellement de joueurs évoluant en Europe. Avec le talent qui est le leur et la rigueur de la préparation en Europe, les Algériens peuvent construire une grande équipe. Si le Cameroun et la Côte d’Ivoire l’ont fait, pourquoi pas l’Algérie.
Mais l’Algérie n’est même pas sûre d’aller en Coupe d’Afrique...
Ah bon ? Avec le match qu’ils ont fait au Camp Nou, je pensais qu’ils étaient déjà qualifiés. Je pense toutefois qu’en Coupe d’Afrique il y a deux équipes qui vont émerger : le Cameroun que je connais très bien à travers Eto’o et la Côte d’Ivoire qui possède de grands joueurs à l’instar de Didier Drogba. Derrière ces deux sélections, il y a un grand nombre d’équipes capables de créer la surprise y compris l’Algérie si elle se qualifie bien sûr. J’ai failli oublier le Ghana qui joue chez lui et qui peut également gagner la coupe.
Il y a quelques temps vous étiez en Afrique du Sud. Sur ce que vous avez pu voir, pensez-vous que la prochaine Coupe du monde sera une réussite ?
Nous le souhaitons tous parce qu’il est très important que l’Afrique réussisse le premier mondial qu’elle va organiser. La Coupe du monde 2010 sera la vraie vitrine du football africain. Pour moi aussi, ce sera un grand rendez-vous puisque j’aurai 30 ans. Ce sera mon dernier mondial si l’Espagne se qualifie bien sûr. Ainsi j’aurai débuté la Coupe du monde en Afrique et je la terminerai en Afrique. Avec la même réussite j’espère.
Encore faut-il que l’Espagne fasse mieux qu’en 2006. D’ailleurs les Algériens ne comprennent pas pourquoi la sélection espagnole joue souvent les outsiders alors qu’elle possède de grands joueurs ?
Nous non plus nous ne comprenons pas pourquoi nous n’arrivons pas à nous débarrasser du syndrome des quarts de finale comme on l’appelle ici. C’est peut-être un problème de mentalité. Il y a des équipes avec un esprit gagneur et il y a des loosers. Je ne saurai vous donner la raison, mais l’Espagne n’a pas encore acquis cet esprit gagneur qui fera d’elle une grande nation de football. Nous avons un niveau footballistique très haut, mais nous éprouvons d’énormes difficultés à le matérialiser sur le terrain.
Comment voyez-vous la qualification de l’Espagne en Coupe d’Europe des nations ?
Ce ne sera pas facile, mais nous sommes sur la bonne voie. Pour se qualifier, il faut gagner tous les matchs qui restent sans se soucier des résultats des autres.
Quelles sensations vous a laissé la saison du Barça ?
En vérité, elles ne sont pas bonnes. Nous avons perdu la Liga au dernier soupir, nous avons été éliminés trop tôt de la Ligue des champions et en Coupe du Roi, nous avons été humiliés par Getafe. Avec de tels résultats, il n’y a pas de quoi être fier. Personnellement, je suis mort de honte lorsque je parle de la saison qui vient de s’écouler. Je crois qu’il y a eu un excès de confiance que nous avons payé cash et que nous sommes en train de payer encore aujourd’hui. Je crois que nous avons appris la leçon : on ne gagne pas les matchs avec des noms, il faut désormais réapprendre à lutter et à suer au quotidien pour remonter en haut.
Que pensez-vous du recrutement de Thierry Henry ?
Avant d’être joueur du Barça, j’étais supporter et en tant que tel, je suis heureux que mon équipe possède les meilleurs joueurs du monde. Henry est le numéro 1 à son poste. Je ne pense pas qu’il y ait d’équipe avec une attaque aussi redoutable que la nôtre avec Ronaldinho, Eto’o, Messi et Henry. Pour moi, jouer aux côtés de ces quatre ‘cracks’ sera un véritable plaisir parce que les grands joueurs sont ceux qui mettent leurs coéquipiers dans de bonnes conditions, ce sont ceux qui feront de nous de grands joueurs aussi. Henry en fait partie parce qu’il vous donne constamment des solutions en se démarquant dans tous les sens.
La saison prochaine s’annonce donc fructueuse pour le Barça...
J’ai déjà dit qu’on ne gagne pas avec des noms. Il faut réapprendre à jouer avec une mentalité de gagneurs tout en faisant le spectacle et en remportant des titres. Encore une fois, notre défi, comme celui de tous les grands clubs, sera de gagner tous les titres mis en jeu. Avec humilité et respect pour tous nos adversaires.
I. S. et M. S.
En Afrique pour commencer, en Afrique pour terminer
Xavi Hernandez s’est révélé au plan international lors de la Coupe du monde juniors qui s’était déroulée au Nigeria en 2000 et remportée par l’Espagne. C’est donc ce pays de l’Afrique qu’a commencé son parcours international. Il aimerait bien que ce parcours se termine également en Afrique en disputant la Coupe du monde 2010 qui aura lieu en Afrique du Sud. Ainsi, sa carrière internationale aura commencé en Afrique pour se terminer en Afrique.
Une grande polemique au mois de juin
Au début du mois de juin, Xavi Hernandez a été au centre d’une grande polémique en Espagne. Il avait, en effet, commis délibérément une faute pour écoper d’un carton jaune lors du match Lettonie-Espagne (0-2) comptant pour les éliminatoires de l’Euro-2008, se voyant ainsi suspendu pour le prochain match. La presse madrilène s’était acharnée sur lui, l’accusant d’avoir fait cela parce que c’est un Catalan qui est réticent à jouer avec la sélection d’Espagne. Xavi n’a pas fait cas de ces critiques, affirmant qu’il avait provoqué la faute avec le consentement du sélectionneur, Luis Aragones, afin de purger sa suspension contre le Liechtenchtein, un adversaire relativement facile, et ne pas être sous la menace contre les gros adversaires du groupe.
Sir Alex Ferguson, son grand admirateur
S’il y a un entraîneur qui apprécie particulièrement Xavi Hernandez, c’est bien Sir Alex Ferguson, le manager de Manchester United, qui tente de le recruter depuis trois ans, sans succès. Il a encore fait une tentative il y a un mois, en vain. Pour Sir Ferguson, Xavi répond parfaitement au profil du parfait milieu offensif : bon techniquement, infatigable physiquement et excellent dans la relance. Le parfait remplaçant, selon lui, de Paul Scholes lorsque ce dernier partirait à la retraite.